Réalité et identité

On m’a demandé un article antivalidiste et antiraciste sur l’identité, et en réfléchissant sur quoi raconter dedans j’ai réalisé que je reliais très fortement les deux concepts : réalité et identité. Ma vision de l’un influe sur l’autre et inversement.

Qui suis-je ? Est-ce que «je» existe ? La notion d’individu c’est quelque chose de très complexe. Définir ce que signifie le «moi» c’est établir une sorte de frontière entre soi et les autres.

Ça me rappelle un conte.

C’est un homme très riche et très égocentré qui parle avec un homme très sage. Le sage lui dit : «regarde par la fenêtre. que vois-tu ?». Le riche réfléchit et répond : «je vois les gens dehors, la vie, le marché, tout ce qui se passe». Le sage lui montre ensuite le miroir et lui fait : «et maintenant que vois-tu ?». Le riche répond instantanément : «je me vois moi». Le sage lui dit alors : «quand tu regardes par la fenêtre, tu vois les autres. mais place une couche d’argent entre toi et eux et tu ne vois plus que toi».

L’identité c’est comme la réalité, c’est de droite. Plus précisément c’est des cases dans lesquelles les gens de droite essayent de te forcer à entrer, ou des concepts par rapport auxquels les gens de droite essayent de te forcer à te positionner, à indiquer l’endroit où tu places ta limite, ta frontière, parce qu’au final ça te renvoie encore et toujours à ta place dans la société, ta classe sociale, ta catégorie socio-professionnelle.

Quand on te demande «qui es-tu ?» on attend souvent de toi que tu indiques ton nom, c’est-à-dire ton matricule administratif, ton âge (qui donne une idée de ta valeur productive et de ton grade au sein de ta famille) et ton métier, ce qui indique directement ta classe sociale c’est-à-dire ton degré d’exploitabilité.

On demande souvent aussi tes origines, ta situation matrimoniale ou tout autre indice sur ta place dans la hiérarchie et ton degré d’exploitabilité.

Mon identité c’est que je n’en ai pas. Et que j’en ai plusieurs. Et qu’elle est unique. Ce qui nécessite d’avoir une vision un peu space de la réalité, parce qu’il faut que plusieurs réalités soient possibles en même temps.

J’ai plusieurs personnalités, plusieurs tulpa. Parfois j’empathise tellement pour des gens que je me sens la personne en face, je n’arrive pas (et n’ai pas envie) de placer une limite nette entre moi et cet être (ça peut tout à fait être un animal non humain, une plante, un objet, un concept ou whatever).

Je me colle pleins d’étiquettes contradictoires sur la face et qui changent tout le temps, histoire de montrer aux gens quelques facettes de ce que je suis.

Parfois je me perds dans le flot d’une identité collective, mais seulement dans une foule de gens sans nom unis par une émotion commune.

Si tu ressens précisément ce que je ressens quelque part toi aussi tu es moi et je suis toi. Ce qui me délimite, ce n’est pas mon nom, mon âge, mon métier ou tout autre chose superficielle, c’est quand quelqu’un plonge son regard au fond du mien et me reconnaît, voit vraiment qui je suis.

C’est ce qui me permet de savoir qui je suis et délimite mon être, mais délimite mon être au delà des frontières visibles de mon corps, en incluant parfois la zone occupée par d’autres personnes.

L’identité c’est aussi une identification aux autres ou au contraire une prise de limites vis à vis des autres.

Mon identité c’est la minuscule part fixe de ma personnalité, ce qui reste le même quand je prends de l’âge, quand je me trippe la gueule, quand je perds des potes, … C’est mes intérêts spécifiques les plus profonds, associés à mes émotions les plus intimes et à mon fonctionnement en terme d’infra, mon fonctionnement mental interne.

Bref mon identité c’est la résultante de mes cultures et de mes neuroatypies, teinté d’autres influences comme la façon dont mon corps est vu par la société ou autre.

Je suis à moitié défoncé par la fatigue là en écrivant cet article mais j’ai envie de le poster vite donc je me contenterai de ça. J’éditerai peut-être cet article plus tard pour ajouter des trucs.