Depuis le collège, les profs me tannaient avec « il faut absolument que tu décides cette année ce que tu veux faire plus tard ». Maintenant qu’on est « plus tard » j’ai un certain recul sur les bons et mauvais conseils d’orientation que j’ai reçus.
Quand j’étais au collège, j’avais une idée précise du domaine dans lequel je voulais exercer. Je voulais travailler avec les chevaux, ou au minimum avec les animaux. Je ne savais pas le métier précis, mais j’avais l’idée diffuse de vouloir créer et diriger ma propre ferme.
Mes parents, croyant qu’on était encore à leur époque, voulaient absolument que je fasse des études longues. En vrai de nos jours les CAP et BEP c’est beaucoup plus diplômant que les doctorats, parce que notre agriculture, notre industrie et notre artisanat se sont fait la malle dans les pays en développement, et qu’il ne reste en france que des glandus qui savent rédiger des copies doubles et plus personne pour savoir manier un tournevis ou une fourche (encore moins une faucille et un marteau).
Il y avait aussi un préjugé de classe sociale, mes parents pensant que je m’entendrais mieux avec des gens en prépa maths qu’en CAPA (bon c’est vrai que pour baiser il y a plus de choix dans les grandes villes, c’est ce qui m’avait convaincu).
Résultat j’ai un peu tout testé. Fac, prépa, CAPA dans une grande ville, POEI, wwoofing, démarcher direct des entreprises pour se faire embaucher, bénévolat en tous genres, stages, …
Ben déjà le premier point c’est que c’est pas à 30ans qu’on commence à apprendre un métier si on veut pas passer par la case « la CAF m’emmerde ». Ce qui m’aurait fait gagner de temps c’est de comprendre qu’en fait les études on s’en fout professionnellement.
Au jour d’hui quand il m’arrive de vouloir postuler pour une entreprise, mes 7 ans de fac c’est une ligne de mon CV, en bas. Ça prend moins de place que les langues que je parle, que mes loisirs ou même pire, que mes valeurs morales. XD
Ce qui est important c’est les expériences professionnelles et extra-professionnelles. Autrement dit le bon plan c’est de sécher les cours chiants à la fac pour faire des activités bénévoles ou payées au black, des activités militantes, bref n’importe quoi où tu fais des choses utiles aux autres, de préférence dans ton domaine d’activité mais c’est même pas indispensable.
Alors oui, sécher les cours de fac plutôt que pas s’inscrire, pourquoi ? Parce qu’une fois que tu arrêtes la fac c’est fini, à moins d’être un gros bourge tu pourras plus jamais y retourner. Donc si t’arrêtes il te restera plus que le CNAM (qui en soit me semble un bon plan) ou les formations payées par pôle emploi (ou par mon compte formation si t’es soit doué en paperasse soit riche et citadin).
Concrètement ce qui est utile dans mon CV c’est le wwoofing, les activités militantes (AG, diffage de tracts, tenue de tables de presse, etc), et les formations courtes et pratiques.
Et pour créer son entreprise alors ? Parce que soyons honnêtes, du taff actuellement il n’y en a pas pour tout le monde, parce que les entreprises n’embauchent pas.
On est à une période charnière, où le monde du travail change. Tout le monde a capté que le salariat c’était con, mais personne n’a encore vraiment de moyen de le remplacer. Du coup chaque employeur y va à sa sauce pour tester des méthodes alternatives, qui de l’interim, du chèque emploi service, du bénévolat, de l’auto-entreprise/ouvrier à la tâche, du stagiaire, du travailleur non déclaré payé cash sous le manteau, de l’uberisation, … Rien de super concluant quoi et c’est souvent les travailleurs qui sont lésés, parce que le code du travail dans ces conditions est souvent envoyé se faire foutre.
Mais concrètement il y a besoin de savoir/savoir faire quoi pour créer une entreprise ? (une vraie, qui te permet de payer les achats moins chers grâce à l’asujettissement à la tva, de toucher des crédits d’impôts en tous sens, d’avoir une street créd auprès de tes voisins en mode « je suis patron/actionnaire et pas rsa-iste »)
Bon déjà quand t’es pauvre tu as quand même besoin d’un investissement de départ. Faut compter environ 400€ tout compris pour créer une SAS toute seule comme une grande. 1€ de capital social, environ 200 balles pour la publication dans le journal des statuts, environ 100 balles (un peu moins) pour les démarches au greffe du tribunal de commerce et le reste je sais plus, ça devait être l’ouverture du compte en banque et autres paperasses j’imagine.
Après c’est pas de la thune perdue, si tu fais pas de bénéfs c’est vite amorti sur tout ce que tu payes moins cher. Et sur tes crédits d’impôts. Surtout si t’es dans le secteur du cinéma.
Ensuite il est important de savoir que tu peux de facto tout faire seule (à condition de pas paniquer et d’apprendre vite sur le tas).
On peut apprendre (du moins si on veut économiser pour chaque point dans les 1 000€ ou 2 000€) :
- la comptabilité d’entreprise et plus spécifiquement bilan, compte de résultat, déclarations de tva et impôt sur les sociétés (+ taxe foncière et cotisation foncière des entreprises si on est propriétaire) mais aussi faire des factures,
- certains passages du code du commerce et la compréhension des points importants à préciser dans les statuts
- les méthodes d’optimisation fiscale notamment la compréhension de tous les crédits d’impôts, mais aussi les montages entreprise + association, et les spécificités des PME ou des coopératives, le fonctionnement des comptes courants d’associés et l’intéressement aux bénéfices plutôt que se salarier
- le bricolage et la récupe pour aménager le local qui accueille du public ou obtenir le matériel de travail nécessaire, voire tout ce qui est plomberie, électricien, isolation, bref petit œuvre au sens du bâtiment
- le ménage (principalement passer le balai et nettoyer la vitrine)
- les démarches avant d’ouvrir pour les ERP
- faire son site web proprement (OVH ou concurrence)
- maquetter des affiches/tracts
- méthodes d’organisation qui permettent à des nouvelles personnes de rentrer facilement dans la structure
- à vous faire payer ou à récolter des sous ! (pas forcément facile dans notre société)
- à présenter la structure à des gens en mode gros commercial publicitaire
- la diplomatie (pour intéragir avec les banques et les collectivités XD)
En plus de tout ça vous devez apprendre votre cœur de métier, et avoir plusieurs années d’expérience dans le domaine.
Alors oui, question que se posent tous les jeunes : comment on fait pour avoir de l’expérience avant d’être embauché ?
Lol c’est pas le salariat qui donne l’expérience, c’est le travail libre. Le salariat et l’embauche c’est juste un prétexte. Si tu veux faire de la couture, commence à coudre, attends pas d’être embauché pour (version plus féminine de c’est en forgeant qu’on devient forgeron). Que ce soit dans un taff salarié, une formation, en bénévolat, en loisirs (même si c’est toi qui paye pour le faire) ou payé sous le manteau entre particuliers, osef. Pour maîtriser une compétence, on doit la travailler. Point.
Après arrive toujours un moment où tu te retrouves face à des choix et là… Je peux plus t’aider. Tu dois (oué, moralement) définir tes objectifs, observer ce que tu peux faire, et concevoir des stratégies.
En fait la question c’est pas « tu veux faire quoi plus tard ? » mais « tu veux faire quoi maintenant ? » genre si tu devais te lancer là dans les 6 mois. Quelle est ton ambition (politique comme économique) ?
Décider d’un métier c’est avant tout décider de quelle façon on change le monde (à son échelle… ou pas selon tes ambitions).
Enfin l’aspect « métier » de ton travail. On te demande souvent de te spécialiser, mais c’est hyper con. Moi dans mon travail j’exerce au bas mot une quinzaine de métiers différents. Quand on crée une entreprise la question c’est pas LE métier qu’on veut faire, mais chaque jour/semaine/mois sur quoi on va se concentrer, quelle ambition on veut réaliser, quelle opportunité on veut saisir, à quoi on accorde une partie précieuse de son temps (de cerveau disponible, d’énergie physique, etc).
Bref, que veux-tu réaliser ?