Le validisme de la contagion (verrues et psoriasis) et le refus de soins associé

Lorsqu’on a quelque chose de potentiellement contagieux, même si ça ne l’est pas, les valides flippent leurs privilèges.

C’est beaucoup plus le cas pour les pestiférés, les lépreu et les séropositifs du VIH évidemment, et autres maladies graves contagieuses.

Et dans une moindre mesure, c’est le cas pour tous les atypiques. Il arrive souvent comme j’ai pu le lire dans de nombreux témoignages sur d’autres blogs et comme j’ai pu le constater par moi-même que les valides flippent d’attraper l’autisme, la dépression ou encore le handicap mental (dyssynchronie BQI).

Iels s’inventent d’ailleurs pleins de théories du complot, comme quoi l’autisme s’attrape par les vaccins ou le wifi (sauf qu’en vrai c’est le wifi qui cause les vaccins XD), comme quoi les personnes dépressives font systématiquement plonger leurs proches et les entraînent avec elleux dans leur dépression, comme quoi quand on se cogne la tête on a des neurones qui tombent (véridique je l’ai déjà entendu et j’y ai cru pendant des années), etc.

Mais quand iels ont à faire avec une atypie véritablement contagieuse, là leur mépris et leur dégoût leur paraît moralement légitime, et iels n’hésitent pas, surtout les professionnels de santé d’ailleurs, à l’exprimer de toutes les manières possibles et à maintenir au minimum les contacts avec leur patient, quitte à refuser systématiquement de leur procurer des soins.

J’ai depuis l’enfance un peu de psoriasis héréditaire sur le sommet du crâne qui me donne des pellicules mais n’est pas contagieux, et j’ai eu pendant quelques semaines il y a quelques années une tache de psoriasis sur le ventre (non contagieux) qui est partie comme elle est venue. J’ai également depuis des années un énorme amas de verrues plantaires recouvertes à présent d’une forte épaisseur de corne qui l’empêche d’être contagieuse.

Pourtant quand j’en parle à des professionnels de santé iels sont toujours dégoûter et me refusent facilement des soins.

Lorsque j’ai vu un médecin il y a un peu plus d’un an pour avoir une dispense de piscine à mon taff (j’étais pion et je devais surveiller les enfants aussi à la piscine), j’étais en crise d’angoisse.

Ça me rappelait le traumatisme de la piscine dans mon enfance (ah tiens j’avais oublié que j’avais un syndrôme traumatique là dessus aussi) et l’angoisse me paralysait de devoir choisir quel vestiaire surveiller alors que ma patronne pensait que j’étais une fille et que les gosses me savaient de genre neutre mais étaient prêt·e·s à me traiter de mytho si jamais j’avais trop l’air binaire.

Mais c’était un médecin généraliste, il ne pouvait pas me diag un syndrôme traumatique. Du coup je lui ai demandé si il ne pouvait pas trouver une excuse, me faire un papier comme quoi j’avais une verrue plantaire m’empêchant d’aller à la piscine ou une connerie comme ça.

Il a refusé. J’avais vraiment une verrue plantaire à l’époque pourtant, j’y avais juste pas fait gaffe parce que j’ai tellement de problèmes de santé que osef. Franchement une excroissance cornée de surface non régulière de 2-3cm de diamètre sur quelques millimètres d’épaisseur c’est carrément le cadet de mes soucis.

Pourtant les valides, surtout les professionnels de santé, quand iels voient ça iels en font toute une histoire.

Aujourd’hui j’ai eu rendez-vous avec une infirmière pour une séance de massages réflexologie plantaires. Quand je l’ai prévenue elle a eu un air terrifié presque comme si je lui avais annoncé avoir la lêpre. Elle a refusé de toucher la zone en question, ce que je peux comprendre. Par contre ce qui m’a foutu en rogne c’est qu’alors qu’elle a accepté de faire la séance sans souci, elle a refusé de me réserver un rdv pour une deuxième séance tant que j’aurais pas vu un dermato.

J’ai pas les moyens de me payer un putain de réflexologue ou de masseur

(j’avais vu un réflexologue une fois à 50 balles la séance, il m’avait dit qu’il faudrait 7 séances supplémentaires pour me guérir, par contre de tous les professionnels de santé que j’ai vu c’est le seul qui a vu la gravité de mon état de santé et l’ampleur du taff pour me guérir, et sa séance m’a vraiment fait du bien, j’ai vraiment besoin de séances de réflexologie ou juste au minimum de massages plantaires, au passage lui ça l’avait pas dérangé ma verrue, il pensait pas que c’en était une d’ailleurs)

et j’ai vraiment besoin pour ma santé de ces soins. Je lui demande pas de toucher mon truc, juste de me masser la jambe en évitant la zone, mais cette pouffiasse veut pour ça que je vois un dermato, ce qui, vu mes capacités à voir des médecins et la quantité de professionnels de santé que je dois voir

(fait la queue, dermato, je dois voir en urgence l’endocrino (heureusement elle est aussi gynéco ça fait deux en une), ensuite un·e médecin généraliste, ensuite à nouveau mon psy, si j’ai de la thune à nouveau mon réflexologue, ensuite un·e dentiste, ensuite un·e kiné, ensuite un·e ergothérapeute, ensuite seulement un·e dermato, s’il me reste de la thune peut-être revoir un·e nutritionniste, puis s’il me reste de l’énergie dans les années à venir un·e pneumologue, et à nouveau un·e opthalmo, par ordre d’importance/urgence de mon point de vue),

signifie «reviens l’année prochaine ou l’année d’après»…

Pouffiasse ! En plus il y a deux infirmiers mais elle ne m’a même pas laissé tenter ma chance avec son collègue, et je peux pas prendre rdv tout seul parce que c’est par téléphone.

Je peux comprendre que ça la dégoûte bien sûr, mais pas qu’elle me refuse des soins sous prétexte de son dégoût parce que ça c’est du validisme institutionnel.

Me faire refuser des soins c’est loin d’être la première ou la dernière fois que ça m’arrive et ça m’ÉNERVE !!!

Surtout les massages, parce qu’à la fois c’est les soins dont j’ai le plus besoin et qui améliorent le plus ma santé, mais aussi les soins qui me sont le plus systématiquement refusés, parce que la plupart du temps les gens ont besoin d’un minimum d’affinité relationnelle avec le patient pour les pratiquer et je suis un putain d’asocial que tout les valides détestent rapidement.

En plus mon hygiène (j’y peux rien ! j’aimerais bien avoir une bonne hygiène, mais j’ai personne pour m’aider ni aucun aménagement pour me le permettre) est pas terrible, ce qui les dégoûte encore plus, et pousse les professionnels de santé à me refuser encore plus des soins.

En plus je voudrais pas dire mais alors que je suis objectivement le plus handicapé par les conséquences de ma mauvaise hygiène (j’ai pleins de problèmes de santé dont certains que je veux pas garder) et de mes handicaps contagieux ou non

(je considère pas mes verrues comme une maladie parce que perso je m’en fous d’avoir ça et dans une société non validiste je les garderai parce que osef, je trouve presque ça joli maintenant, en tout cas je m’y suis habitué et ça fait partie de moi, même si au début ça m’a un peu dégoûté et que ça me fait mal à cet endroit quand je marche parce que mes chaussures c’est du prêt à porter c’est pas adapté, le problème principal avec ça c’est que ça m’empêche l’accès à certains soins)

et pourtant les valides m’engueulent d’être atypique et de pas avoir fait disparaître mes atypies avant d’aller les voir.

Oh et puis merde, mes problèmes de peau ne regardent que moi (et les gens que ça intéresse de me lire), si j’ai envie de ne pas voir de dermato j’irai pas voir de dermato, malgré la pression familiale et des professionnels de santé pour que je fasse disparaître cette excroissance qui les choque.

J’ai carrément dû lacérer la corne qui recouvrait mes verrues (et me protégeait de la douleur quand je marche) sous la pression familiale il y a quelques mois pour appliquer du jus de chélidoine dessus, ce qui n’a pas marché (j’aurais dû utiliser un champ entier de chélidoine pour y arriver) et après j’avais très mal au pied et les verrues se sont multipliées sur mon pied parce que j’ai pas assez de paires de chaussettes pour en changer souvent.

En fait ils m’ont foutu dans la merde juste parce que c’est moche et supposément contagieux (c’est contagieux que quand c’est tout frais, pas quand il y a de la corne dessus). Heureusement ma corne a repoussé un peu depuis mais bon je suis vénèr.

Et le psoriasis j’en parle pas mais j’ai subi à peu près le même niveau de validisme.

J’en ai rien à foutre, je garde mes atypies.

Auteur : juiveftransatypique

Je suis une personne trans de genre neutre d’origine juive neuroatypique et psychoatypique (plus d’autres trucs que vous ne savez pas :p )

3 réflexions sur « Le validisme de la contagion (verrues et psoriasis) et le refus de soins associé »

    1. (pour ceux qui ne pourraient pas voir la vidéo on y voit Jésus en version babtou qui guérit les gens (un sourd et un paralysé) en faisant une imposition des mains et quand arrive un lépreux il refuse de le toucher et lui dit de se faire des bains aux plantes tous les soirs)

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